Ah, « Le Nomade » de Fécamp ! Une expérience culinaire qui restera gravée dans nos mémoires, telle une scène inédite de « Cauchemar en cuisine ». Ayant réservé pour treize convives, avec l’accord d’amener notre fidèle compagnon canin, nous arrivâmes à 12 h 50, précédant le reste de la troupe.
La porte, entrouverte, laissait entrevoir un intérieur plongé dans la pénombre, à l’ambiance surannée. Un homme, que nous nommerons « l’Occupant », nous accueillit avec la surprise de celui qui découvre des visiteurs inattendus dans son propre salon. Ni patron, ni serveur, ni chef en vue ; l’énigmatique Occupant semblait incarner à lui seul l’âme de ce lieu hors du temps.
Les tables, dressées avec une nostalgie certaine, côtoyaient un bar encombré de bibelots poussiéreux. Une odeur de cigarette flottait dans l’air, tandis que des casques, posés nonchalamment sur un tabouret, ajoutaient une touche d’insolite à ce décor déjà bien chargé.
À nos questions sur l’absence de vie apparente, l’Occupant répondit laconiquement : « Il va arriver ». Qui était ce mystérieux « Il » ? Le patron, sans doute, fidèle à l’esprit nomade de son établissement, semblait s’être égaré en chemin. Chaque relance de notre part se soldait par un « Il sera là dans 5 minutes », mantra rassurant ou simple ritournelle apprise par cœur ?
Pendant ce temps, notre groupe s’étoffait, jusqu’à former une joyeuse assemblée de treize personnes, debout dans l’entrée obscure, sans lumière ni service. Après une attente qui parut une éternité, l’Occupant, dans un élan d’hospitalité tardive, nous invita à nous asseoir. Nous dûmes réarranger nous-mêmes les tables, pourtant réservées à l’avance, et quémander l’allumage des lumières, opération partiellement réussie, laissant une partie de la tablée dans une ombre mystérieuse.
Les minutes s’égrenaient, et toujours pas de patron à l’horizon. Un client, visiblement habitué des lieux, fit son apparition, saluant l’absence de service avec une résignation presque admirative. Notre patience, mise à rude épreuve, s’effrita définitivement. Craignant que les couscous et tajines promis ne soient que mirages ou, pire, reliques d’un passé lointain, nous prîmes la décision sage de quitter les lieux, échappant ainsi à une possible mésaventure gastronomique.
Notre errance nous mena à « La Boucane », où, malgré une note Google de 3,7, nous fûmes accueillis avec chaleur et régalés de mets délicieux. Ironie du sort, « Le Nomade », avec sa note de 4,6, nous avait offert une expérience que même les plus audacieux des voyageurs n’oseraient imaginer.
En conclusion, si l’aventure et le mystère vous appellent, « Le Nomade » est l’escale idéale. Pour une expérience culinaire réussie, d’autres ports d’attache à Fécamp sauront sans doute mieux vous satisfaire.